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Irkutsk et le lac Baïkal

Depuis Iékaterinbourg, nous avions repris le train pour nous enfoncer plus loin dans la Sibérie pour rejoindre la ville de Irkoutsk.

(gros paté de texte avant quelques photos, vous êtes prévenus. Il y a des photos supplémentaires dans la galerie dédiée.)

Il a plu depuis midi et quand on est descendu du train en début de soirée, il pleuvait encore. Le premier contact avec cette ville commençait mal. Nous avions un hôte pour nous héberger en CouchSurfing, mais nous avons finalement abandonné cette idée durant le train pour aller dans une auberge. On s’est dit que vu qu’on savait pas trop ce qu’on voudrait faire durant nos quelques jours à proximité d’Irkutsk. Ca pourrait donc être pratique d’être plus flexible en ayant une auberge, et ça nous permettrait de rencontrer des gens qui nous diraient ce qui vaut le coup et ce qui est à éviter.

On a donc lâché notre couchsurfer, mais on a pas pu réserver d’hôtel pour autant. Dans le train, on est tombé sur des répondeurs plusieurs fois (on s’est acheté une carte SIM russe. Un détail à 3€ très pratique, merci encore à Lada) et on a jamais réussi à joindre quiconque. Généralement, ne pas avoir d’hôtel, n’est pas un problème, on a l’habitude. En fait, on ne réserve presque jamais. On voyage autant que possible hors saison et il y a toujours des places. Quand il n’y en a pas, il y a toujours moyen de s’arranger. Si on passait des coups de fils, c’est parce que justement on est en saison et que ça sentait le traquenard.

En descendant du train, armé de notre cape de pluie et des instructions qu’on avait choppé sur Internet, on s’est donc aventuré dans les rues d’Irkusk à la recherche d’une auberge qui paraissait cool. Ca avait un air de chasse aux trésors : « […] Longez le tram jusqu’à voir des marches. Montez l’escalier puis marchez 100m, vous devriez voir un arrêt de bus. Traversez alors la route, puis longez le batiment jusqu’au coin de la rue. C’est le 3eme batiment, sonnez au numéro 5 ».

En arrivant, on est content d’être au sec, mais pas pendant très longtemps : une jeune femme nous explique qu’ils sont complets, qu’elle a déjà refusé 8 personnes aujourd’hui. Elle explique simultanément au téléphone la même chose à son interlocuteur. Elle nous file un plan de la ville malgré tout et nous indique un truc dans le centre. C’est un peu loin, alors on tente notre chance dans un truc pas très loin, sans conviction. Pareil, évidemment. Pas de raisons de se démoraliser pour autant : on avait une 3ème adresse qui nous branchait. Au pire, on avait toujours celle que nous a filé la fille. La pluie continue de tomber, et on retourne dessous. Sous un abribus, on appelle la 3ème auberge. Au téléphone on a du mal à se comprendre, mais ils ont de la place. Impossible de comprendre ses explications sur comment s’y rendre, mais grâce au plan, on arrive à trouver. Ca n’a pas l’air très loin. Détail marrant, mais qui ne nous a pas fait marrer quand on l’a compris : le plan n’était pas du tout, mais alors pas du tout à l’échelle. Ce qui semblait être 10 minutes de marche facile s’est transformé en une demi heure à galérer parce que les noms de rues n’étaient pas affichés partout. Cette ville hostile n’avait pas l’air de vouloir de nous. Les voitures, dangers anonymes, risquent non seulement de nous renverser mais aussi de nous tremper en roulant à toute vitesse dans les immenses flaques d’eau qui bordent chaque route. Dans la nuit noire, on ne pouvait même pas demander notre chemin car nous n’avons pas croisé grand monde. Et pour s’abriter et regarder le plan, les refuges n’étaient eux aussi pas nombreux. Quand on est finalement arrivé à l’auberge, le plan, qu’on avait du consulter sous l’averse, était en lambeaux.

Même si c’est pas super marrant, ce n’est pas très grave : c’est juste de la pluie et nos affaires étaient au sec. Mais voila, vagabonder autour de la planète, c’est aussi parfois passer une heure à chercher sa route sous la pluie, de nuit, dans une ville inconnue où personne ne nous comprend et avec 15 kilos d’affaires sur le dos.

Lâcher le couchsurfer, était-ce une mauvaise idée ? Il n’y a pas de mauvais choix et on est content d’être allés dans cette auberge. Entre autres trucs sympa, on a rencontré Adeline. Elle est réflexologue. Le sujet nous intéressait, et Laetitia a eu droit à une séance. Ce fut une chouette journée.

Irkoutsk

Irkoutsk est la capitale de la Sibérie. Comme Moscou, on l’imagine généralement sous la neige. Nous, on y a eu droit sous la pluie. Le premier jour, c’est sous un voile gris comme en automne que la ville s’est présentée à nous.

Il y a une ligne verte par terre qui propose un parcours afin de voir les monuments principaux de la ville. Nous la suivons plus ou moins et voyons un contraste certain entre des batiments rénovés et d’autres bien abimés. Certaines vieilles maisons en bois sont trés jolies malgré leur état. On a bien aimé Irkoutsk, l’ennui c’est qu’il fait gris le jour où onse balade et que cela ne met pas en valeur cette ville. Deux jours plus tard, quand on y revient, on se rend compte que la même ville sous le soleil est pleine de vie !

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(Notez, sur la dernière image, le batiment soviétique typique, cubique pile comme il faut)

Parfois, être à l’étranger et ne pas connaitre la langue ni les usages, ça amène à des incompréhensions amusantes. Dans tous les bus et trolley qu’on a rencontré jusqu’à présent en russie, il y a un chaffeur qui conduit, et un contrôlleur qui vend des billets. On paye cette personne quand on monte et elle nous donne un ticker. A Irkutsk, il n’y a qu’un chauffeur. La première fois, naïvement, je vais le voir pour payer nos places : il a l’air surpris de me voir. « Two tickets please ». Regard interloqué. Tout en faisant 2 avec les doigts de la main, j’ajoute « Dva ? » (deux, en russe). Toujours aucune réponse et il continue de me regarder bizarrement. Je répète une troisième fois. Je ne comprends rien à sa réponse, mais cette fois-ci il me montre les pièces. Je me dis que ça doit vouloir dire « Ca fait 24 roubles, mets les là ». Je règle le nécessaire, et regagne ma place avec l’impression d’avoir quand même loupé un truc. Laetitia fait remarquer que je suis le seul à être allé voir le chauffeur, on se dit qu’ils ont peut être tous des abonnements, ou alors qu’ils ne paient pas leur place. Quelques instants plus tard, on arrive à un arrêt et on comprend : les gens descendent par l’avant et c’est à ce moment là qu’ils règlent, en jetant au chauffeur quelques pièces.

Listvianka et le Lac Baïkal

A Irkoutsk, nous avons réservé un billet à la gare routière pour nous rendre au lac Baïkal, une des principales attractions du coin. Autant que possible, on utilise les transports locaux, c’est le meilleur moyen de faire comme tout le monde, ça coûte moins cher et c’est sympa.

Ce n’est pas très compliqué. Même si la personne d’en face ne parle pas les mêmes langues -ce qui, selon nos statistiques rigoureuses, est le cas 100% du temps-, il y a toujours moyen de se comprendre. On fait des grands gestes, on écrit sur des bouts de papier, on s’accroche l’un et l’autre aux quelques mots qu’on connait, mais au final, on repart avec nos billets. Dans un gare routière, généralement les prix sont fixés à l’avance et on ne se fait pas arnaquer, mais quand il y a plusieurs compagnies, ou qu’on passe par des taxis il faut faire gaffe.

Le lendemain, pour prendre le transport en question il faut lire le billet. Dans le meilleur des cas, on peut deviner des mots et comprendre où se rendre. Quand ce n’est pas le cas, il suffit de montrer son billet peu de temps avant le départ à quelqu’un en disant qu’on cherche son chemin. Idéalement, on s’adresse à quelqu’un du staff, mais en fait n’importe qui fait l’affaire.

Grande joie des voyages : on ne trouve pas toujours ce à quoi on s’attend. On pensait monter dans un bus, c’est un minibus qui nous accueille; ça marche aussi.

Sur la route, notre chauffeur est plutôt prudent. Le véhicule a un intérieur comme on le faisait dans les années 90, il a facile 20 ans ! Dans les montées, le moteur hurle et demande qu’on arrête le supplice.

A une intersection, un camion cherche à s’insérer. Il nous a vu, mais il s’insère quand même. Pas de problème pour notre bus qui mange la ligne continue et roule sur la voie en sens inverse.

En cours de route, on prend et pose des gens, parfois au milieu de nulle part. Quand il n’y a plus de places assises, les derniers arrivés s’accrochent où ils le peuvent et restent debout.
Au retour, notre chauffeur sera plus casse-cou. Il roule vite et il lui arrive de débrayer dans les descentes pour ne pas utiliser le frein moteur et accélérer. On se rassure on se disant qu’il ne fait ça uniquement dans les lignes droites.

Pour ne pas se retrouver sans rien à Listvianka, on a « réservé » une chambre en passant un coup de fil la veille. L’hotel était plein, alors Natalya, l’employée qui a décroché a proposé de nous héberger chez elle. Ca arrange tout le monde : on a un endroit pour dormir et elle arrondit son salaire.

Notre chambre est très sommaire : deux matelas dans une pièce qui fait environ 2m de largeur et 2m50 de profondeur. En fait, c’est toute la maison qui est très sommaire. La douche est à l’extérieur de la maison, dans ce qui semble le rez de chaussée d’une grange réaménagée. Le revêtement est posé grossièrement, le chauffe eau tient par miracle. Les toilettes, à l’extérieur également, sont dans une petite cabane. Ils puent : Nikolaï nous demande de ne pas trop tirer la chasse pour économiser l’eau. Il nous donne les clés et indique que pour la porte « bon, il faut chercher le bon angle et forcer un peu mais ça s’ouvre ». Pas d’internet. Ca ira bien pour deux jours, mais à l’année, c’est quand même très précaire. Il y a l’électricité via des branchements hasardeux mais pas de système centralisé d’eau. Le robinet de l’évier de la cuisine est associé à un bidon d’eau qu’il faut régulièrement reremplir. Il n’y a évidemment pas Internet. Ca ira pour deux jours, mais on se demande comment ils font pour passer des hivers rudes là dedans.

Le point positif, c’est que le soir, il n’y a pas de lumière, et pas de nuages. Pour la première fois depuis le début du voyage, on peut observer les étoiles !

Listvianka est une ville qui longe le lac Baïkal sur 5km. En fait, c’est une ville dédiée au tourisme. Elle se lève péniblement le matin, rien n’est ouvert ou presque avant 10h. Le soir, quand les touristes et les gens de passage sont partis, tout se ferme subitement : échoppes, magasins de souvenirs. On a cru qu’on se ferait mettre dehors un soir, alors qu’il était à peine 20h, car le restaurant rangeait toutes les tables. Le serveur nous a donné l’addition alors que nous n’avions pas fini de manger, et nos assiettes étaient à peine terminées qu’elles étaient déjà ramassées !
La ville en elle même n’est pas très intéressante, c’est essentiellement une grande route. Au nord, les activités à touristes sont regroupées autour du port. C’est là d’où partent les bateaux d’excursion, et on y trouve divers magains de souvenirs, un marché au poisson, et des trucs qui essayent de ressembler à des plages.

On fait une balade le long de la côte, entre plages et petite montagne. Le décor est superbe et rappelle les calanques du sud de la France. Les plages sont des plages de galets, et quand on rattrappe la forêt, on est rapidement dans des pins.

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On passe une partie de la journée au bord du lac. Quand j’ai demandé si on pouvait se baigner dedans, on m’a répondu en riant « Pour des russes peut-être, mais pour un étranger elle est sûrement un peu trop froide ». Ca avait été dit avec tellement de naturel que ça aurait pu ne pas être vexant. Il fallait laver l’affront ! Pour donner tort à l’aubergiste, même si elle n’était pas là, je suis donc allé à l’eau, pour en ressortir environ 30 secondes plus tard. L’eau est fraiche mais surtout, il y a du vent en permanence.

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Partout autour du lac, les gens du coin font de petits barbecue, où l’on peut acheter des schaschlik (brochettes) ou de l’omul fumé, un poisson endémique (= qui ne vit qu’ici). Au bord de la plage, on peut louer des petites cabanes pour manger. Ces petites tables à l’ombre ont un succès fou, car le soleil est très présent.

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Le lac Baïkal est le plus grand lac d’eau douce au monde. Selon tout le monde ici, l’eau est la plus pure au monde. On a vu plusieurs personnes aller chercher de l’eau directement dans le lac pour la boire ou pour cuisiner. Ca nous a surpris et on les a pris pour des fous. Finalement, on a fini par faire pareil. Avant de partir, on a même mis les pieds dans le lac pour aller remplir nos bouteilles d’eau.

On retourne ensuite à Irkoutsk prendre le train pour la mongolie. La russie, c’est déjà terminé !

9 thoughts on “Irkutsk et le lac Baïkal

  1. Quel plaisir de vous lire ! ça donne (presque) envie de visiter la Russie 😉
    Pour moi ce sont les derniers jours de vacances…. Vous aurez déjà bien entamé votre séjour en Mongolie car la classe reprendra. J’aurais quand même beaucoup aimé étudier un conte russe avant de parler de la Mongolie donc nous auront un petit décalage. Je montrerai aux enfants vos photos de Russie et nous mangerons des blinis (ça m’inspire plus que la soupe de betteraves !)
    A bientôt !

  2. Quel plaisir de vous lire et de voir vos photos!
    Ne changez rien !
    Bonne continuation et profitez bien !

  3. Ha ben ça tombe bien, on rentre à peine du désert de Gobi, on a fait plein de photos et je pense qu’on va avoir plein de trucs à raconter !

  4. Hello ! Effectivement, le timing de notre première étape n’est pas terrible pour la classe… En ce qui concerne la cuisine (c’est une super idée de faire des blinis avec eux !), les blinis c’est un bon choix car je ne pense pas que les recettes qu’on va ramener de Mongolie vont te motiver : beaucoup, vraiment beaucoup de mouton.

  5. Ahah ! Sympa votre périple russe ! Ca va vous gérez le cyrillique maintenant !!? Vous voyez les mots ressemblent à ceux qu’on connaît 😀
    Continuez bien ! A+

  6. J’ai eu des nouvelles de la classe de Lormont qui va vous suivre, les enfants sont super intéressés, ils ont plein de questions à vous poser , certaines réponses sont déjà dans le blog.
    Nous attendons la suite de vos aventures dans le désert de Gobie .

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