Budget pour un an de voyage

On a écrit un article de compte rendu sur ce qu’on a fait pendant ce voyage, maintenant, voici le plus intéressant pour vous : combien ça nous a coûté et comment on s’est organisé pour le préparer. Vous saurez comment vous y prendre pour organiser vous aussi votre propre voyage longue durée.

Introduction

Voyage, ça fait rêver ! Beaucoup de monde a, sans doute, dans un coin de la tête, l’idée de partir un jour faire un long voyage. Pourtant, parmi ces gens peu le feront : organiser un long voyage nécessite de l’argent (qui ne sera pas utilisé à autre chose, comme acheter une voiture ou une maison), du temps, des efforts réguliers pour ne pas perdre de vue cette idée, et un bon timing personnel/professionnel pour que « ça colle » avec les autres projets que l’on peut avoir dans la vie.

Attention aussi à ne pas trop rêver : il y a de grosses différences entre voyager un an et voyager 3 semaines. On va commencer par ça.

La réalité d’un tour du monde

Un long voyage, tout le monde a l’air de croire que ça consiste à aller de plage de rêve en plage de rêve, en observant chaque soir des couchers de soleil tous plus colorés les uns que les autres, allongé dans un transat’, tout en sirotant des cocktails.

Voyager, c’est fatigant

Quand on part 3 semaines dans l’année, le plan est simple : en profiter un maximum. Après tout, il s’agit d’un des rares moments d’air pur que l’on possède à soi. Donc on court dans tous les sens pendant 3 semaines, on fait des visites 7j sur 7 et à la fin on se repose quelques jours avant de rentrer, parce que bon, le corps a ses limites quand même.

Quand on voyage plus longtemps, on ne peut pas tenir ce rythme longtemps. Il faut faire des aménagements : aller plus lentement, visiter moins de choses, ne pas enchainer les trajets et les visites à tout va. Prendre des jours pour se reposer (oui, en voyage aussi il faut se ménager des jours de weekend !). Parfois, faire des pauses plus longues : il est nécessaire de recharger les batteries.

Il faut donc être capable d’accepter l’idée d’en faire moins que les autres voyageurs plus pressés et ne pas ressentir de frustation à cette idée. Dans notre société où tout va très vite et où on est exhorté à en faire toujours plus, ce n’est pas naturel et demande un apprentissage. On en ressort grandi.

Voyager, c’est pas des vacances. C’est même pas mal de boulot !

Quand on part 3 semaines, on a pas forcément le temps de se rendre compte de toute la logistique quotidienne nécessaire dans un voyage. Souvent, une bonne partie du trajet a été réfléchi à l’avance, on a peut-être même déjà fait les réservations d’hotel et anticipé les trajets internes…

Quand on voyage un an, ce n’est pas possible : il est impossible de réserver un an d’hotel à l’avance, et quand bien même on pourrait le faire, ça n’aurait pas de sens car cela tuerait toute possibilité de rester un peu plus à un endroit qui nous plait.

Il faut donc tout faire au fur et à mesure. Au quotidien, il faut entre autres :

  • trouver ce qu’on souhaite visiter
  • trouver un endroit où dormir
  • à chaque repas, trouver où on va manger (si on mange dehors) ou anticiper les courses (donc chercher un marché/supermarché) et faire à manger avec ce qui est disponible dans la cuisine de l’hotel (en général, pas grand chose).
  • se documenter avant ou après sur les choses (pays, ville, anecdotes sur les sites touristiques, informations pratiques)
  • se renseigner sur les transports pour se déplacer dans la ville, et pour en partir pour rejoindre l’étape suivante (horaires, tarifs, compagnies, etc)
  • trier les photos/vidéos.
  • écrire des articles de blogs

Voir des trucs chouettes c’est la partie sympa mais c’est donc la partie émergée de l’iceberg, il reste tout le reste, la logistique, fatiguante et chronophage. Et comme on voyage tous les jours, il n’y a pas de jours de repos ni de weekend !

Il faut aussi garder en tête que quand on commence à s’habituer à une ville, qu’on connait les endroits où manger, où faire les courses et les transports… c’est souvent le moment où on repart et recommence l’apprentissage à zéro dans une nouvelle ville.

Voyager, c’est pas toujours marrant

La réalité économique fait qu’en réalité, faire un voyage longue durée ce n’est pas toujours confortable. Globablement, c’est top : on a un nombre conséquent de souvenirs fantastiques et on a même pu profiter une fois ou deux de la séquence « coucher de soleil sur décor paradisiaque ». Mais il faut aussi noter que la plupart du temps, le quotidien est différent.

On prend des transports peu confortables pour aller d’un point à un autre, afin d’optimiser les dépenses et consacrer de l’argent à ce qui intéressant : les activités, pas les transports. On s’offre une bière ou un coca de temps en temps mais pas tous les soirs parce que 1) c’est pas très sain 2) l’alcool plombe très facilement un budget. On fait sa propre cuisine car c’est bien moins cher que manger dehors (coucou l’Equateur !). Quand on le fait, on va manger dans des trucs de locaux pas cher, pas des trucs de touristes qui ne se déplace qu’à la boussole Lonely Planet/TripAdvisor : la nourriture locale est la même mais le cadre est bien moins glamour. On optimise les dépenses d’hébergement en dormant dans des dortoirs (adieu l’intimité, zéro espace à soi), dans des bus ou, parfois, dans des gares quand prendre un trajet qui arrive tôt permet d’économiser une nuit de sommeil. A Sydney et et Nouvelle-Zélande on a aussi dormi à l’aéroport car c’était beaucoup plus simple et bon marché que d’aller à l’hotel.

Et puis, à peine habitué à une ville ou un pays, on part dans un autre. Si c’était à refaire on repartirait sans hésiter mais des fois, le manque de confort pèse.

Dépenses

Dépense au global

Pour savoir où nous en étions et savoir ce qu’on pouvait se permettre, on a tenu les comptes pendant tout le voyage, dans une feuille excel. C’est super pénible à faire rigoureusement (et si on ne le fait pas rigoureusement ça ne sert à rien, les écarts s’amplifient rapidement), MAIS ça a été très utile : grâce à ça, on savait toujours où on en était. Cela nous a permis d’anticiper les grosses dépenses ou d’encaisser celles passées, et ainsi de ne jamais nous priver.

Si on fait le bilan global du voyage, tout compris, par personnes, nous avons dépensé :

  • 3 200€ de billets d’avion
  • 2 495 € de matériel et d’achats avant le voyage
  • 10 268 € par personnes sur place

Soit un total de 15 963 € par personnes.

Nous espérions dépenser dans les 15000€, on a pas tombé trop à côté. L’écart provient des extras (plongée, etc.) que nous n’avions pas prévus et qu’on ne regrette pas !

Billets d’avion

On a acheté des billets « tour du monde » auprès de travelNation. C’est une compagnie anglaises, nous en avons eu pour 2359 livres (3200€ au moment de l’achat) par personnes pour 13 vols sur 9 tronçons :

  • Paris-Londres-Mocou
  • Hong Kong-Manille
  • Manille-Hong Kong-Bangkok
  • Bangkok-Sydney
  • Sydney-Auckland
  • Santiago-Île de Paques
  • Île de Paques-Santiago
  • Auckland-Santiago-Punta arenas
  • Quito-Madrid-Paris

Les compagnies sont des compagnies de qualité : British Airways, Cathay Pacific, Qantas Airways, Iberia.

2 avantages : on achète tout à l’avance et on y pense plus ensuite. Le second, on peut modifier les dates des billets sur simple email. En pratique, ça a bien marché (on a changé les dates de la majorité des vols lorsqu’on a adapté notre itinéraire en cours de route). On a cependant eu de gros soucis pour arriver à changer les vols pour la nouvelle-zélande, ce qui a pris environ 3 semaines, un trajet toujours bondé et on devait y aller en janvier, pendant l’été et les vacances scolaires là bas.

L’inconvénient, c’est qu’on ne peut pas changer les points de passage, on est donc obligé de passer par les endroits qu’on a prévu parfois un an et demi plus tôt. Ce n’était pas un problème pour nous mais certains n’aiment pas cette contrainte, préférant la flexibilité de construire leur trajet au gré des envies. En réalité, vu qu’on doit acheter les billets au moins 3 mois à l’avance pour avoir des tarifs raisonnables, on est pas forcément plus flexible en s’occupant soi même des vols (et ça fait une chose de plus à anticiper et gérer pendant le trajet)

En ce qui nous concerne, malgré les problèmes sur la nouvelle zélande, on repartirait avec les mêmes prestataires si c’était à refaire.

Dépenses avant voyage

Ca n’a pas l’air -du moins le chiffre final m’a surpris-, mais acheter tout ce dont on avait besoin avant de partir a couté pas mal de budget.

  • matériel

deux sacs de randonnée, des vêtements, chaussures de rando, ordinateur portable, disque durs pour faire des sauvegardes des photos/vidéos.

A refaire, on ferait notre sac presque de la même manière : tout a servi, sauf ce qu’on a pris « au cas où » (ex: paille pour filtrer l’eau, « au cas où yait pas d’eau potable ou en bouteille »). On a également acheté des trucs en cours de route (polaire perdue, pantalon trop usé, etc.), mais c’est inévitable.

  • assurance tour du monde (~400€/personnes)
  • box de stockage

Postes de dépenses durant le voyage

En voyage, il y 4 postes de dépenses :

  • hébergement
  • repas/courses
  • transport
  • activités

Un adage se vérifie particulièrement en voyage: « le temps, c’est de l’argent ». Quand on a du temps, on dépense peu d’argent. On fait les choses soi-même en prenant des transports locaux, en cuisinant. On utilise des cartes de randonnée au lieu de prendre un guide, etc. Quand on est pressé il vaut mieux avoir de l’argent pour profiter malgré tout : on prend alors des tours organisés, on va manger dehors, on prend des transports rapides (avions, train, etc).

Pour arriver à tenir le budget, il faut jongler entre les dépenses du quotidien et les activitées, et les différence du coût de la vie dans les différents pays. La Nouvelle-Zélande nous a coûté 3200€ (88€/j pendant 35j), alors qu’en mongolie on dépensait 50€/j.

Comment économiser

Dans de nombreuses discussions dans les forums web, on a l’impression que face à ce genre de projet qui parait démesuré (c’est en tout cas comme ça qu’on le percevait avant de partir), les solutions pour l’organiser doivent être elles aussi délirantes. Beaucoup ont l’air de croire qu’on peut partir longtemps en voyage sans effort financier de sa propre personne, grâce à des mécènes et des aides publiques.

Malheureusement, à moins d’avoir un relationnel de dingue et des idées jamais vues, pour la plupart des gens, l’aspect financier du voyage va demander des efforts. En même temps, si c’était facile tout le monde le ferait.

Les sponsors

On peut vouloir dépenser l’argent des autres pour financer, mais la plupart des gens qu’on a rencontré avant de partir ou sur la route autofinancent leur voyage. Le marché du tour du monde est saturé et si tu veux mettre en avant un projet de sponsoring, il faut avoir des arguments sérieux (originalité, thématique, capacité de communication) et passer du temps avec les différents acteurs. Ce n’est pas impossible mais ce n’est pas aussi facile que la vision très romantique qu’a beaucoup de monde : « je vais aller de l’autre côté de la planète faire un reportage et ça va financer mon voyage ». C’était peut-être possible jusqu’à il y a quelques années mais aujourd’hui cette vision me semble le plus souvent déconnectée de la réalité, à moins encore une fois d’avoir des arguments à faire valoir (bosser dans le journalisme, l’audiovisuel, etc.).

Plus modestement, beaucoup demandent à divers partenaires des réductions pour l’achat ou le prêt de matériel, ça permet de couvrir une partie des frais avant le voyage mais certainement pas l’intégralité.

Economiser

On a économisé pendant deux ans. On a mis en place un système lu dans un bouquin, se « payer en premier ». C’est pas fou, ça consiste juste, au début du mois, on met de côté obligatoirement un certain montant… que nous ne dépensons donc pas pour des loisirs ou d’autres trucs annexes. Ce système nous a permis d’être rigoureux et de mesurer que la cagnotte se remplissait correctement 🙂

On l’a couplé à faire en gros les comptes pour suivre les postes de dépenses à réduire avant de partir (ce qui m’a propulsé officiellement dans la vie d’adulte !). On a vu qu’on achetait des plats préparés, alors à la place on s’est mis à cuisiner ce qu’on mange (Et on s’est rendu compte qu’on aime tellement ça qu’aujourd’hui une des thématiques de notre voyage, c’est la cuisine !)

Pour le reste, nous n’avons pas acheté de nouvelles choses : pas le dernier smartphone, pas de tablette, le renouvellement de l’ordinateur attendra notre retour, etc. Pas de vacances au ski ou à l’étranger, pas de weekend entre potes coûteux… Chaque euro économisé est un euro de plus pour le voyage !
On a aussi fait des concessions. Exit les pays chers : pas de japon, aucun pays d’europe, d’afrique du sud, etc. Il y a une raison qui explique pourquoi la plupart des tour du monde passe par l’Asie du Sud Est et l’amérique du sud 🙂

Notre budget est d’environ 30€/jour et à chaque fois que l’occasion se présentait de dépenser cette somme avant le départ (achat d’un bouquin, d’une place de concert, brunch/resto, etc), on essayait de voir si ça valait le coup ou si on pouvait pas faire autrement ou s’en passer. A chaque fois qu’on économise 30€, on gagne une journée de voyage !

Et finalement, même si on a loupé quelques trucs qui valaient le coup on a pas eu l’impression de se priver. Notre qualité de vie a même augmenté ! On s’est rendu compte de tous les trucs inutiles qu’on achetait juste pas paresse intellectuelle, sans véritable besoin. On s’est mis à mieux manger… Et préparer un projet pendant longtemps ajoute aussi à la saveur qu’on a à en profiter.

2 thoughts on “Budget pour un an de voyage

  1. Très bien expliqué ! Excellent article ! J’en prendrai en compte l’ensemble des points/conseils qui me serviront un peu plus tard.

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