10 jours à la ferme en Mongolie

Lors de notre séjour en Mongolie, j’ai eu l’occasion d’aller travailler 10 jours dans une ferme au nord du pays, du côté d’Orkhon. J’ai trouvé cette option via le site WorkAway, un réseau que je ne connaissais pas. Le principe, comme pour le CouchSurfing, est celui de l’entraide : on travaille, et en échange on nous fournit le gite et le couvert. Comme le CouchSurfing, être proche de gens qui vivent et travaillent dans le pays est un super moyen de découvrir des choses qu’on ne pourrait pas apprendre sur le pays autrement.

Laetitia n’est pas venue, elle a préféré visiter une autre région du pays. Moi, ça me disait bien d’aller me perdre sans trop savoir à quoi m’attendre.

Il n’y a pas de photos dans cet article pour le moment… Il est publié depuis la chine, où nous n’avons pas accès à notre hébergeur de photos pour le moment 🙁

Avant de partir, j’appréhende un peu : on m’a expliqué plusieurs fois que ce n’est pas pour les faibles (des phrases sont revenues plusieurs fois dans nos mails, du genre « this is not for softies, it’s not a sunday stroll to the pub to work here » = « c’est pas pour les mous, ça n’a rien à voir avec une sortie au bar avec ses potes de venir ici »). Je ne sais pas trop dans quelle mesure le travail est difficile. De plus, je pars seul dans un pays dont j’ignore tout, pour aller chez des inconnus, je ne suis pas sûr d’avoir un billet de train pour le bon endroit (je ne comprends rien à l’adresse), je ne suis pas sûr d’être monté dans le bon train (mon billet indique le 271 mais il y a marqué 276 sur le wagon, pourtant les responsables de wagons étaient unanymes), je ne sais pas quand descendre, et à cause de problèmes d’internet je n’ai pas pu prendre le numéro de celui qui doit me récupérer. On soufle un coup : il y a une explication à tout ça, je suis probablement dans le bon wagon du bon train et pour tout ce qui me stresse, vu que je ne peux rien y faire, il ne sert à rien d’y voir des problèmes. On verra bien en temps voulu, je suis finalement plutôt content, tout va bien se passer.

A l’arrivée, 9h plus tard, ouf, c’est le bon endroit : on est venu me récupérer; « C’est pour Martin et Mingjee ? Monte à l’arrière ». Ca pue le crotin de vache et je me dis naïvement que je dois être tombé un mauvais jour, ça ne peut pas être comme ça tout le temps. Si si, ça peut.

Les propriétaires du ranch sont Martin, un ancien légionnaire, et Mingjee, mongole ayant vécu toute sa vie dans le nord du pays, où il fait -60° l’hiver. Autant dire que pour eux, vivre rudement est leur quotidien.

Il y a pas mal de volontaires comme moi, une douzaine quand j’arrive. Je retrouve par hasard Pierre et Etienne, des français avec qui j’avais discuté à l’ambassade de Chine. C’est cool !

On me file un lit dans le préfabriqué des volontaires. Il y a des volontaires en continu, à tel point qu’on a des lits et chambres dédiés ! Le ranch est petit, mais on remarque tout de suite qu’il est très sale et qu’il y a des mouches partout.

Le programme des journées semble carré : réveil vers 8h, petit dej vers 8h30, boulot vers 9h30, lunch à 14h, pause jusqu’à 17h, et reboulot jusqu’à 20h. Les gens se couchent généralement vers 22H.

Dans la pratique, aucune journée n’a ressemblé à ça car il y a toujours quelque chose qui modifie l’emploi du temps. Néanmoins, cela ne ment pas sur le volume de travail : on travaille beaucoup et les volontaires se couchent tôt, épuisés par les journées. Dès le premier jour, je fais comme tout le monde et abandonne l’idée de lire le soir, le sommeil est presque trop précieux.

A peine arrivé, on me prévient de deux choses importantes :

  • tout le monde se dit les premiers jours qu’il ne va pas rester, que c’est trop dur. Il faut arriver à passer outre.
  • tout le monde est malade. La cause n’est pas claire, mais il faut s’attendre à des diarrhées et des crampes d’estomac.

Je décide de faire de mon mieux pour éviter d’être malade, ce qui signifie faire bouillir toute l’eau que je bois, et me laver les mains avant chaque repas. Faire bouillir 3L dès que j’en avais l’occasion était contraignant, mais je suis content de m’y être tenu, bien tout le monde me disait que c’est inutile. Certes, tout le monde prétend que l’eau est potable mais tout le monde est malade… Malgré tout, j’ai fini par avoir les symptômes caractéristiques, la faute à l’hygiène générale du lieu. Les crampes peuvent arriver n’importe quand et font courir tout le monde aux toilettes à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Et vu la tronche des toilettes, on préfère y passer le moins de temps possible.

Et concernant le premier point, je ne sais pas si c’est vrai pour tout le monde, mais il m’a bien fallu 5 jours pour me dire que j’allais rester jusqu’au bout. Peut-être que ce qui m’a fait rester, c’est Martin. Il a pas mal d’humour et tous les soirs, il me demandait, au second degré, « Alors, t’abandonnes ? ». Il y a beaucoup de trucs qui peuvent paraitre négatif au sujet de ce que je vais dire de la ferme et de la vie là bas, mais ça m’a beaucoup appris sur de nombreux sujets, et mon bilan est positif.

Le travail à la ferme

La ferme produit du fromage, du lait et vend de la viande de brebis et de mouton. En septembre, on se prépare pour l’hiver. Parmi les nombreuses choses à faire, il faut préparer du foin. Ca se fait sur plusieurs jours. On découpe l’herbe dans les champs avec un tracteur, on en fait des rangées pour que l’herbe sèche et que le tracteur puisse passer. Quelques jours plus tard on en fait des piles, puis quand elles sont sèches on stocke le tout au ranch. Armé de fourches, on passe des journées entières à balayer, d’une manière ou d’une autre, le champ. La météo est rarement clémente : il fait très chaud, ou bien du vent refroidit l’air et on est jamais vraiment à l’aise. Parfois il pleut. Il y a beaucoup de moustiques. Le tracteur avance vite et il faut travailler rapidement et en faisant peu de pauses. Il n’est pas rare de boire plus de 3L d’eau dans la journée. Le premier jour, erreur de débutant, je n’ai pas pris de gants et suis rentré avec des ampoules. C’est pas grand chose mais ça ajoute à la pénibilité générale.

Il y a deux endroits où l’on travaille : le ranch, et le champ. Parfois, on ne travaille pas au champ car il y a beaucoup à faire au ranch. Comme la cloture du champ est pourrie, il faut alors empêcher les vaches d’entrer malgré tout : si elles rentrent dans le champ, c’est pour brouter l’herbe qu’elles auront pendant l’hiver. Comme il n’y a déjà pas assez pour passer l’hiver, il faut limiter les pertes. Je l’ai fait une fois, un jour de pluie. Ce n’est pas palpitant mais c’est l’occasion de passer une bonne partie de la journée à lire, planqué dans un ger. Les vaches sont évidemment entrées malgré tout, masquées par un bout de forêt. J’ai du tenter de regrouper une trentaine de vache prêt de l’entrée. Le temps que je fasse ça, le reste du troupe attendait près de l’entrée que j’ouvre pour rentrer. Arriver à faire sortir les 30 vaches sans faire rentrer les autres a été un échec cuisant, et j’ai du recommencé de nombreuses fois à regrouper les 80 vaches désormais dans le champ. Pendant 3 heures, j’ai couru d’un côté à l’eau du champ pour rassembler des bestioles qui n’avait rien à cirer de mon autorité. Malgré le découragement, le froid, la pluie et la solitude, la ténacité a payé et j’ai réussi à reprendre le contrôle du champ pour le reste de la journée.

Régulièrement, on va dormir dans la yourte à proximité du champ. Cela permet de surveiller le champ, afin d’empêcher que les vaches ne viennent y manger le foin prévu pour l’hiver, ou pour empêcher qu’on vole le tracteur qu’on y laisse parfois la nuit.

Parfois, c’est plutôt cool : on s’y fait déposer vers 22h, on met un réveil dans la nuit pour vérifier que tout va bien, et on se fait récupérer le lendemain après une longue nuit. D’autres fois, il y a des vaches dans le champ et il faut leur courir après.

Le problème en septembre, c’est que les températures baissent rapidement. C’est le mois de transition avec l’hiver, et les degrés diminuent de jour en jour. Il y a de plus de grosses différences de températures entre le jour et la nuit, il faut donc plusieurs couvertures pour dormir au chaud.

Pour mieux se réchauffer, ou bien pour faire du thé le matin, on fait du feu dans le poêle. Il faut des brindilles sèches (le bois qu’on a ramassé quelques jours avant étant stocké dehors, la complexité augmente s’il a plu pendant l’après-midi !), du PQ, des allumettes et un peu de temps. On fait une sorte de tipi avec les brindilles, on met une boule de PQ au centre, et on allume avec une allumette. Ensuite, on bidouille jusqu’à ce que ça prenne. Une fois le feu démarré, on fait brûler du crottin de vache ou de plus grosses branches. La journée, on fait parfois un feu de bouses de vache pour les animaux. Ils s’imprègnent de fumée, cela repousse les moustiques quelques temps.

L’intérêt premier de cette yourte, c’est aussi d’être à côté des vaches pour aller les traire le matin. Ce n’est pas de tout repos : il faut alors se lever à 5h du matin. Souvent, elles ne sont pas là et il faut les retrouver, elles sont peut être dans le champ ou dans la steppe et il faut les rassembler, dans une espèce de petit footing champêtre. De toutes façons, vu le froid, ça réchauffe.
Ensuite, le travail commence. Parfois, on trait soi même une vache. A moitié réveillé, assis dans la fange, entouré par du crottin frais, on fait de son mieux. On est en équilibre, le seau tenu entre les genoux. C’est super difficile d’être efficace : lors de mes quelques essais, il m’a fallu près de 20 minutes pour remplir l’équivalent d’un grand verre de lait. Je ne risque pas de faire de l’ombre à Danone…
Histoire d’ajouter au glamour, la vache nous fouette parfois nonchalamment le visage avec sa queue, on se fait parfois bousculer par les veaux, et du nouveau crottin apparait avec un bruit et une odeur très, très classe.

La plupart du temps cependant, on sert surtout d’assistant. On va chercher des veaux qu’on libère, ils vont téter quelques minutes (ca lance le processus qui permet de les traire, apparemment). Il faut ensuite détacher les bébés de 500 kg et les attacher à un arbre pendant que Mingjee s’occupe de traire. Évidemment, les veaux sont rarement d’accord, et les combat de catch ne sont pas rares. Bref, on s’occupe de la logistique.

Ha et bien sûr, quand on a terminé le travail, en général vers 8h, on enchaîne avec la journée normale de travail.

Tous les jours, il faut aller faire paitre les chèvres, ce qui est le travail d’une personne qui part pour la journée, avec de l’eau et de quoi manger le midi (en général, du pain, un peu de fromage et quelques gâteaux).

Un jour, c’est mon tour et ce jour là, on m’a donc demandé si je savais monter à cheval. Ce n’est pas le cas, mais ça n’a gêné personne : on m’a conseillé de prendre un cheval pour aller promener les chèvres, car sinon il faut marcher toute la journée. La mission est simple, il suffit d’aller faire se promener les chèvres toute la journée. Elle mangent d’elles même, et au bout d’un moment se reposent. Ce n’est pas trop intense, on est surtout là pour surveiller que tout se passe bien. C’est top d’apprendre à faire du cheval au calme des steppes mongoles ! En France je n’aurais probablement jamais pu faire quelquechose de ce genre sans avoir pris des cours auparavant. Par contre, n’allez pas croire que c’est reposant ! Même en parquant les chèvres dans une zone dont elles ne peuvent pas s’échapper, il est difficile d’avoir un moment de répis, il faut toujours aller chercher une bête qui cherche à s’éloigner, d’une manière ou d’une autre. Et 8h à faire ça, c’est quand même plutôt long. De plus, quand on est jamais monté à cheval, on a assez rapidement mal partout…

Il y a aussi plein d’autres activité annexes, comme aller chercher du bois sec pour faire du feu, refaire une clôture, faire du ciment pour améliorer un mur, faire la cuisine, le petit dej’, etc.

Vie au ranch

La vie au ranch est plutot sympa. Il y a toujours des choses à faire, comme filer un coup de main pour la cuisine ou la vaisselle, mais ça se fait dans une bonne ambiance.

Le premier soir, je suis de vaisselle. C’est le bizutage mais c’est plutôt bon enfant, donc je m’y mets; evidemment, il n’y a pas de lave vaisselle, mais il n’y a pas non plus d’évier. Ici, rien n’est pratique et tout prend du temps. Il faut aller chercher de l’eau au puit, en même dans deux récipients (on prend les plus larges qu’on trouver). Un pour savonner, un pour rincer. Quand on a finit, on balance l’eau à même le sol, et on range la vaisselle un peu à l’arrache, sous un filet, pour les égoutter à l’écart des mouches. Quand il fait trop froid, on fait chauffer l’eau sur un feu. Un matin, pour un petit dej’, j’ai du rattrapper la vaisselle pas faite par les p’tits loups de la veille. Pas très cool de mettre les mains dans de l’eau froide quand on vient de se lever et qu’il fait zéro degré…

Mingjee nous dit un soir qu’on aura des côtes de brebis au prochain repas. Le lendemain matin, on me demande de venir aider : pour manger, il faut d’abord tuer la chèvre ! Dash, l’homme à tout faire, immobilise une chèvre, et Bretton lui tient la tête. Il faut que je lui tienne les pates arrière. Dash fait une entaille dans le ventre, plonge la main dans les entrailles et sectionne ou pince une artère. La bête se débat, mais c’est un combat perdu d’avance. La vie l’abandonne en une minute à peine. Dash passe une partie de la matinée à dépecer la bête, à la vider et la découper. Ici, on mange tout l’animal, aussi dès midi, on nous propose du foie, du boudin, mais aussi des poumons, de l’estomac et tous les autres organes…

Les toilettes sont les mêmes que tous ceux qu’on trouve en Mongolie. Il s’agit d’une baraque en bois à l’extérieur, dans laquelle il y a un trou dans le sol, avec un peu de sciure pour l’odeur. Quand il fait chaud, on peut apprécier la compagnie des mouches. Il n’y a pas d’électricité, donc la nuit il ne faut pas oublier sa lampe torche !

La « salle de bain », ou plutôt, l’unique évier. Il s’agit donc d’un évier avec un morceau de savon, et d’un peu d’eau dans une espèce de ballon. Quand il n’y a plus d’eau (ce qui arrive tout le temps, vu que le ballon contient à peine quelques litres d’eau), il faut aller chercher de l’eau avec un petit seau. L’eau s’écoule dans un seau qu’il faut régulièrement vider. Quand on finit de manger après que le soleil soit couché, comme il n’y a pas de lampe, c’est à lampe forntale qu’on se lave les dents.

La douche aussi, c’est quelque chose. Le tuyau ne marche pas, le plus simple, c’est de remplir un seau d’eau et de l’emmener avec soi dans la douche. Le jour où j’ai essayé, il y avait du vent et j’ai laissé tombé l’idée de me savonner… Quand il fait chaud, on peut se baigner dans l’eau à 10 degrés de la rivière, pendant la pause de midi. Autant dire que j’ai utilisé des lingettes et que j’ai pris une douche en rentrant, 10j plus tard…

On a un jour de repos tous les 7 jours travaillés. Il est assez amusant de voir qu’ici, les volontaires considèrent cette journée off comme une cadeau et pas comme un dû. D’ailleurs, tout le monde ne la prend pas. On en profite pour faire une grasse mat’, pour faire la lessive, ou mieux : on se fait prêter un cheval et on va se balader quelques heures. On peut aussi grimper dans les montagnes, et profiter de la vue sur la vallée.

Je suis rentré à Oulan Bator un dimanche soir, par l’unique train de la journée. Malheureusement pour moi, c’était en même temps que tous les étudiants et lycéens, qui après avoir passé le weekend chez leur parents, rentraient à l’internat pour la semaine. Une fois dans le train, j’ai passé une heure debout dans un couloir jusqu’à Darkhan car le train était absolument rempli, puis quand il s’est un peu vidé dans cette grande ville, j’ai eu la chance de trouver une place assise, à côté de tous eux qui comme moi voulaient rejoindre Oulan Bator. Là où j’étais, on s’est partagé 3 couchettes à 9… le trajet était de 22h à 6h du matin, je n’ai pas beaucoup dormi tellement c’était inconfortable. Ca fait partie des plaisirs de l’Asie, même un trajet en train peut s’avérer plein de surprises !

Bref, je suis plutôt content d’être resté les 10 jours. Le travail était rude et j’ai beaucoup cru que je partirais en cours de route, mais finalement j’ai appris tellement de choses que je me dis que ces quelques jours m’ont plus apporté que je n’ai contribué.

Et puis être au calme des steppes mongoles, voir le ciel sans nuage plein d’étoiles et prendre le temps de regarder le coucher de soleil tous les soirs, c’est quand même une luxe incomparable.

4 thoughts on “10 jours à la ferme en Mongolie

  1. Très tonique et enrichissant ! quoique je ne sais pas si le fait dépecer une chèvre pourra te servir autre part . A classer quand même dans un petit coin de ta mémoire.
    Les bouses des bovins ont donné un autre qualificatif très péjoratif de ceux qui travaillent en permanence dans une ferme : les bouseux !
    Bonne journée Le vieux

  2. Oui, pas sûr que savoir dépecer une chèvre puisse servir souvent… mais on sait jamais. D’ailleurs, ce n’est pas moi qui l’ai fait, ça a l’air de demander un peu de coup de main. Par contre effectivement, c’était intéressant de voir le fonctionnement d’une ferme et d’apprendre comment on fait du lait, du fromage, etc. Et surtout, de voir que cela n’apparait pas par magie dans les rayons du supermarché, qu’il faut vraiment beaucoup de travail pour produire quelques litres de lait ou quelques meules de fromage.

  3. C’est formidable de voir à quel point tu as l’esprit d’aventure, et du courage aussi pour sortir de ton confort , voir comment on fait ailleurs pour vivre lorsque l’on n’a ni eau , ni électricité à portée de mains, avec des conditions climatiques très différentes de nos pays tempérés .

  4. Bah, « courage » me parait un peu fort. En passant par un réseau d’entraide (lui même connu et réputé, même si je ne l’avais jamais utilisé), je savais que je serais dans un environnement à peu prêt « maitrisés », c’est à dire que d’autres occidentaux étaient passés par cette ferme avant moi, je n’ai donc pas beaucoup de mérite. Pour le reste… on s’habitue à tout

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