post

Boucle à moto à Thakaek, Laos

Dans le sud du Laos, nous avons fait une boucle de vélo à moto. Une des plus chouettes expériences dans ce pays !

Une galerie Flickr contient plus de photos.

Nous sommes passé par Vientiane en coup de vent, juste le temps de faire une étape. Dommage d’être au Laos si c’est pour être dans une grande ville trop longtemps…

La capitale du pays au million d’éléphant a malgré tout du charme. Elle longe de Mekong et de l’autre côté, c’est la Thaïlande. Le soir, on peut voir de chouettes couchers de soleil.

Notre véritable objectif, c’était la ville de Thakek. On la atteinte en bus local, le premier dans ce pays : jusqu’à présent nous avions eu droit à des minivan. On avait peur car dans ces pays d’Asie faits pour les petits (une vraie conspiration), je n’ai jamais de place pour les jambes et au bout de 3h je me contorsionne de douleur. On a été vachement surpris : c’est le transport longue distance le plus confortable qu’on ait eu au Laos : de la place pour les jambes, pas de clim, pas de musique kitsch… Et pourtant, c’est aux couleurs locales, et ça on adore. C’est pas tous les jours que la porte des toilettes est bloquée par un coq en cage, ou bien que des vendeuses montent à chaque arrêt pour vendre de la papaye pré-découpée, des chips étranges, ou des poulets rotis…

A Thakek, tout le monde vient pour La Boucle. Un itinéraire d’environ 500km qu’on fait à moto, et dont l’itinéraire fait passer par de nombreuses villes et villages peu visités, certains proches de la frontière du Vietnam.

P1140374-small

Certes, on ne savait pas faire de la moto, mais notre expérience des scooter à Luang Namtha et Vang Vieng a servi. Pour faire la route il vaut mieux des véhicules manuels un peu plus gros, des petites motos. On ne sait toujours pas qui est le plus fou : celui qui loue des motos à des gens qui ne savent pas s’en servir, ou ceux qui les louent. Ceci dit c’est pas très compliqué et il n’y a quasiment pas de circulation, au moins dans les premières sections, ce qui permet de prendre en main les changements de vitesse.

Conseils aux futurs voyageurs

Si vous avez envie de faire la fameuse boucle, Le Lonely Planet et Wikitravel sont plutôt économes en recommandations de sécurité. Pourtant, tout le monde vient, sans aucune expérience, rouler plusieurs jours à moto, ce qui n’est pourtant pas une activité anodine. Lors de notre passage, nous avons croisé des blessés dans environ un groupe sur deux. On a vu des bras rapés de l’épaule au poignet, des jambes rapées sur toute leur longueur, des blessures de gens emportés par d’autres qui les ont fait tomber… en deux soirées dans une guesthouse (avant le départ et au retour), ça fait quand même beaucoup d’histoires moches.

On se permet donc les quelques remarques suivantes de bon sens pour profiter de cette chouette balade :

  • si vous n’avez jamais fait de moto (c’est le cas de plein de gens), pas la peine de rouler vite. Roulez plus lentement et prévoyez plus de temps. Ca permet d’ailleurs de bien mieux profiter des paysages !
  • Mettez une bouteille de désinfectant dans votre baluchon.
  • Roulez espacés pour ne pas emporter quelqu’un dans votre chute.
  • Vérifiez votre assurance, ou prenez une assurance temporairement. Les gros pansements coûtent 4€ l’unité à Thakek, et en cas de brulure il faut les changer plusieurs fois par jour !
  • Faites plein de pause. C’est épuisant de rouler et la chaleur n’aide pas, l’attention tombe rapidement.
  • Protégez vous du soleil avec des vêtements longs. Vous aurez une meilleure protection de la peau que la crème solaire sur le long terme, et c’est toujours ça de gagné en cas de chute (enfin, comptez pas la dessus non plus).

Pour terminer, les locaux ont coutume de dire qu’ils ne reconnaissent pas les occidentaux arriver, ils les entendent… C’est dire si on a l’habitude de rouler trop vite.

Malgré ce sombre paragraphe, c’est une super expérience, une des meilleures qu’on ai eu au Laos. Ne vous privez pas, mais ne vous gâchez pas non plus le voyage !

On a découpé la boucle en faisant l’itinéraire suivant en 4 jours :

  • Jour 1 : Thakhek – Tha Lang
  • Jour 2 : Tha Lang – Khoun Kham
  • Jour 3 : Khoun Kham – Konglor et visite de la grotte
  • Jour 4 : Konglor – Thakhek

On peut le faire en 3 en allant plus vite (dormir à Konglor le jour 2, faire la visite de la grotte le jour 3 et rentrer ensuite). Par contre ceux qui le font en deux (on en a croisé plusieurs) passent à côté de plein de choses. Au contraire, on aurait aussi pû passer une journée de plus à Tha Lang, pour profiter du lac, ou rallonger le parcours de 1001 manières, faut vraiment pas se presser, mais on l’a compris trop tard.

Jour 1 : Thakhek – Tha Lang

Une fois qu’on est sorti de Thakaek, on arrive assez vite sur une route vide. On roule au milieu d’un décor désertique, avec en arrière plan d’immenses falaises. Il y a peu de villages, mais jusqu’au village de Thalang, l’endroit où l’on s’arrête pour dormir, la route est bitumée.

P1140295-small

 

P1140300-small

On se croirait en corse

On suit la route d’un lac. Une drôle de piste de sable, on manque plusieurs fois de déraper dans le sable et ralentit en conséquence. L’eau du lac est parfaite pour se rafraichir. On a beau être décembre, ici ça tape comme en Août.

Petit lac tranquille

Il y a aussi plusieurs caves et on s’arrête au pif dans l’une d’entre elle, Tham Nang Aen. C’est joli mais en dessous de ce qu’on peut voir à Konglor, le troisième jour.

P1140316-small

 

P1140387-small

P1140366-small

P1140401-small

Point intéressant : on fait un picnic. Sur l’aire, il y a de la musique; au laos, absolument tous ce qui est social se fait avec de la musique en arrière plan. Même quand il est question de s’arrêter pour un sandwich !

On s’est quand aussi arrêté à un barrage hydro-électrique (la déformation professionnelle n’y est pas pour rien). Le lieu a été construit en partenariat avec EDF, et niveau communication il font du super boulot : il y a un centre pour les visiteurs qui est super neuf.

barage hydro électrique

On comprend que pour faire le barrage, ils ont du détourner le fleuve. Ca a créé des lacs, qui ont détruit la végétation (on a vu les forets mortes ensuite). Il a aussi fallu délocaliser certains villages. En contrepartie, les habitants ont été relogés et des écoles ont été construites. L’électricité est vendue aux Thais.

On a roulé toute l’aprèm pour arriver à Thalang. Sur la fin de journée, après avoir grimpé un plateau, associer monter en altitude et soleil déclinant a bien fait baisser les températures. On s’est dépêchés d’arriver pour ne pas finir transis de froid, et on a conclu cette chouette journée par une pétanque.

Pétanque time !

Jour 2 : Tha Lang – Khoun Kham

Le but de la journée, c’est d’atteindre Khoun Kham. Au total, cela représente environ 120km, mais il faut surtout franchir la section Thalang-Laksao, 60km non bitumés.
Au début, on roule à travers la forêt noyée par le détournement du fleuve, nécessaire à la construction du barrage. On croise également quelques uns des villages qui ont dû être déplacés.

P1140450-small

Les hostilités démarre assez rapidement, lorsque la route s’arrête et que l’on atteint une piste poussiéreuse. Rouler ici est particulièrement désagréable. Il y a beaucoup de poussière et dès qu’il y a un peu d’eau, ca devient boueux et surtout glissant. En plus on est souvent sur de la route de montagne, ca monte et descend.

P1140467-small

P1140495-small

Croiser des voitures, c’est désagréable mais supportable : on passe dans un nuage de poussière quelques instants et après tout redevient normal. Ce qui est vraiment difficile, c’est de se faire doubler; là, on se retrouve à l’arrière d’un nuage de poussière. Il y a quand même assez peu de circulation, donc quand on a pas de masques, on s’arrête le temps que ça se tasse.

On rachète un peu d’essence à une station improvisée : dans tous les petits magasins, il y a des bouteilles d’essence sur le comptoir, à peine protégées du soleil.

Station essence de campagne

La moto elle aussi a soif des fois

On se baigne dans une source froide. C’est ici que semble avoir lieu le rassemblement de tous les jeunes du coin. Ils ont amené une immense sono pour profiter de la chaude après midi au frais et en musique.

Plusieurs fois, on croise des panneaux à l’entrée des villes. Ils expliquent que le coin a été déminé. Il n’y a plus d’UXO, “UneXploded Ordnance”, munition non explosée. Le pays n’a pas été miné, mais une bonne partie du laos, le long du Vietnam, contient encore des explosifs datant de la guerre du Vietnam. Les américains, lors de cette guerre, ont essayé de tirer partie des Lao en les montant contre les Vietnamiens. Il y a eu de nombreux affrontements, et énormément de pertes notamment dans l’ethnie Hmong. La région a longtemps été dangereuses. Le danger ne s’est pas arrêté quand la paix est arrivée : il y a eu environ 12000 blessures en tout genre depuis 1973, dont un millier depuis 1999…

Zone sans mines anti personnelles

P1140501-small

P1140504-small

Après avoir traversé d’autres décors de jungle et de bambou, on arrive à Khoun Kham. On a rien réservé, mais ce n’est pas un problème : il semble que tous les habitants de la ville aient fait de ler maison une guesthouse. On en choisit une au pif. Elle fait aussi restaurant, mais le proprio semble ne pas vouloir bosser, et nous conseille d’aller manger ailleurs. Là, la carte est longue mais il n’y a pas grand chose. On a du essayer toutes les salades une par une pour arriver à en trouver une qu’il était possible de faire avec les ingrédients dispo. Et encore, on a vu le cuistot monter sur son scooter pour aller acheter des oeufs.

Jour 3 : Khoun Kham – Konglor et visite de la grotte

Il y a 40 km pour aller de Khoun Kham à Konglor, et c’est super sympa. La route est plate et bitumée la majeure partie du temps, ce qui la rend facile à rouler. Il y a quelques nids de poule et portions poussiéreuses, mais en comparaison du reste c’est la partie la plus facile.
On franchit quelques ponts qui paraissent hasardeux, ce qui nous enfonce au plus proche de chouettes petits villages. Là, on est au plus proche de la vie des champs et des locaux, c’est très sympa.

P1140599-small

P1140607-small

La cave de Konglor est une des activités qu’on a préféré au Laos. On monte dans un long-tail boat (bateau dont le moteur est au bout d’une longue tige). On s’équipe de lampes frontales, et on part pour 40 minutes dans une caverne, dans le noir total. A part notre lampe, il n’y a aucune source de lumière, et quelques dizaines de mètres à l’intérieur de la grotte, la lumière du soleil ne pénètre plus.

P1140773-small

P1140671-small

P1140680-small

Là, on croise une multitude de stalactites et de roches étranges. On admire franchement l’adresse de notre capitaine, qui arrive à remonter de petites cascades avec son frêle esquif. Il sait aussi se repérer et naviguer dans l’obscurité, ce qui très impressionnant. Et puis, le bateau prend l’eau mais il écoppe régulièrement, l’air de rien, pas inquiété, on admire aussi son flegme.

On ressort de la cave pour passer quelques minutes dans un village de 22 habitants. L’instant où l’on passe de l’ombre à la lumière et où le ciel se découpe dans la roche vaut à lui seul le trajet.

P1140697-small

P1140702-small

Haddock (appelons comme ça notre chauffeur) ne parlait pas anglais et on est repartis un peu tristes de ne pas arriver à connaitre l’âge du capitaine. Enfin, ça a été vite oublié en se baignant encore une fois dans un lac !

A  notre guesthouse, les ouvriers faisaient une petit fête pour célébrer la fin de deux mois de chantier. La proprio a commandé du poisson. Ici, on le livre vivant dans de grandes bassines.

P1140908-small

Jour 4 : Konglor – Thakhek

On a dédié le dernier jour au retour. Environ 180 km à faire, ça nous a pris entre 6 et 7h. D’abord, 40 km pour refaire une portion de la veille en sens inverse jusqu’à Khoun Kham, puis 40 km pour rejoindre une grande route à hauteur de Vieng Kham.

P1140972-small

(sur cette photo, comme les tuyaux d’arrosage ne peuvent passer par la route car ils seraient écrasés, on les surélève !)

Avant d’attaquer les 100 dernières bornes, on a refait le plein dans une station essence fantastique :

Station essence, vache et terrain de volley

Les vaches ne sont pas loin, un terrain de volley a été bricolé avec des pneu comme contrepoids et on fait sécher du linge dessus. Comme il y a peu de clients, les pompistes ont installé des chaises et des transat à côté des pompes.

Les 100 derniers kilomètres servent uniquement à compléter l’itinéraire : on roule sur l’axe Vientiane-Pakse, une longue et pénible route type nationale. Il y a des gros camions et pas mal de voitures, qui doublent n’importe comment (sans visibilité, sans marge…). Les plus dangereux ne sont pas ceux qui arrivent dans le dos. Eux savent qu’on ne les voient pas, ils klaxonnent et doublent en prenant de la marge. Ceux dont il faut se méfier, c’est ceux qui doublent dans le sens contraire, en mangeant fortement sur l’autre voie et en se disant qu’on le voie et qu’on s’écartera pour faire de la place.

P1140968-small

Avec le soleil, on a eu super chaud et on s’est arrêté souvent car l’attention baissait (d’où le temps de route). On est arrivés vidés, mais super contents d’avoir bouclé… la Boucle !

One thought on “Boucle à moto à Thakaek, Laos

  1. Super article, merci pour le partage ! On ne va sans doute pas avoir le plaisir de découvrir le Sud du Laos car on voyage plutôt côté Nord pour rejoindre le Vietnam le 8 janvier.. donc c’est chouette de pouvoir lire vos aventures et se régaler des photos pour compenser 😉 Par contre les accidents brr.. sur un trajet en bus sur Koh Lanta on en a vu un par la fenêtre, j’ai vite détourné les yeux pour ne pas voir d’horreurs mais ça secoue, autant dire qu’on redouble de vigilance depuis, même sur un petit scoot de 125cc.. Bref mais quand tout va bien, c’est génial la sensation de liberté et le plaisir des yeux avec tous les paysages qui défilent 🙂 ! Profitez bien, bonne continuation et qui sait ? peut être à bientôt sur les routes!
    Camille
    http://www.frenchyaccent.com

Comments are closed.