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Beijing

La capitale de la Chine est immense, et comme Paris, il faut prendre le temps pour l’apprécier. Nous avions au départ prévu de rester 5 jours, et finalement nous sommes restés près de dix jours. Pour plein de photos en complément de cet article, c’est dans la galerie Flickr Chine !

Notre guesthouse à Ulan Bator a fait une navette pour nous envoyer, ainsi que 5 autres personnes, prendre le train vers Beijing. On est loin d’être les seuls à avoir commencé notre itinéraire par Moscou : en effet, le circuit Moscou-Oulan Bator-Beijing est particulièrement courant et presque tout le monde vient de ou continue vers la capitale de la Chine. Notre wagon, ainsi que plusieurs autres wagons, est plein de touristes européens qui font un itinéraire de ce genre.
Il y a 27h de trajet et on-a-arrêté-de-compter kilomètres. Vers 21h, on arrive à la frontière. La franchir est simple au niveau des formalités, mais dure longtemps car il faut changer les roues du train : il n’y a pas le même espacement en Mongolie et en Chine. A un moment donné, notre train va donc dans un hangar, des ponts soulèvent tous les wagons simultanément, et des techniciens remplacent les roues. Pas banal !

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A Beijing, on a fait un tourisme éhonté et sans complexes, à voir des temples et des palais jusqu’à avoir envie d’en vomir. On s’est baladé dans tous les incontournables : la fameuse place Tian’amen, la cité interdite, les tours du tambour et de la cloche, le palais d’été, le temple du ciel (où l’empereur faisait les sacrifices pour avoir de bonnes moissons)…

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(Le chinois est nombreux, dirait Desproges…)

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Ceci, croyez le ou non, est le centre de l’univers !

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Pour d’autres photos c’est sur Flickr.

Tous les lieux évoqués précédemment sont délirants de grandeur, que ce soit dans les dimensions ou dans le faste, aussi bien dans les vieilles constructions que dans les plus récentes. A toutes les époques on est largement dans la mégalomanie.
A part l’empereur, que des femmes et des eunuques pour s’assurer que les éventuels garçons soient ceux de l’empereur.

La cité interdite est parfaitement alignée avec les temples religieux, pour marquer la filiation de l’empereur avec le divin. Et quand Mao est mort, où il a fait mettre son mausolée ? En plein sur la place Tian’anmen, juste au sud de la cité interdite, pile dans l’axe avec le divin… ça alors !

La cité interdite est essentiellement à ciel ouvert. Les salles ont des noms typiquement asiatiques : salle de la tranquillité terrestre, de la pureté terrestre, de l’harmonie suprême, de la nourriture de l’esprit, de la cultivation mentale, de la longévité tranquille, des prouesses divines, de la suprématie impériale… Tous les temples sont dans un alignement parfait et on trouve le chiffre 9, symbole de l’empereur, un peu partout : dans les dimensions des pièces, dans leur nombre, dans les quantités de poutres, etc.

Il y a beaucoup, vraiment beaucoup de monde. Les chinois aiment les sorties en groupe et on croise de nombreux groupes : le troupeau des casquettes rouges, l’équipe des chapeaux bleue, le gang des bobs verts…

Au nord de la cité interdite, Jingshan parc offre une superbe vue sur la ville et sur la cité interdite… après avoir mis quelques coups de coudes discrets pour se trouver une place sympa, cela va sans dire. C’est une constante dans les lieux touristiques ici.

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C’est aussi un parc où s’est pendu un empereur, dans une fuite présentée comme héroïque. On sent bien que le Parti n’est jamais très loin. Un panneau qui explique que c’est la révolte de la population aurait pu être évitée par une meilleure gestion des ressources, notamment en réorganisant l’argent des riches pour donner aux pauvres. Communisme, j’écris ton nom !

Ailleurs, on nous a présenté un mec comme étant un exemple car il a beaucoup oeuvré pour améliorer le système ferroviaire. Après un paragraphe élogieux typique comme quoi c’était un modèle de vertu, un exemple pour tous ainsi que tous les autres poncifs du genre pendant 10 lignes, le Parti nous rappelle que Lui aussi suit ces valeurs et que grâce à Lui, la Chine pourra sous peu faire partie de ces grandes nations. C’est à la fois très amusant, et on ne va pas se mentir, un peu effrayant.

Au marché des perles, à proximité du temple du ciel, on trouve de tout et n’importe quoi. Les prix sont délirants et l’endroit est réputé pour ses vendeurs sont très forts dans ce qu’ils font, à savoir prendre de l’argent à des touristes. Je regarde un peu trop longtemps des pions d’échecs chinois en bois (on ne se refait pas, j’adore les jeux en bois). Il est particulièrement quelconque, et se trouve simplement dans un sachet plastique. On m’en propose 320 yuan, soit prêt de 45 euros ! Sans que je ne fasse rien, la vendeuse baisse régulièrement le prix. Comme il reste très élevé, dans les 200 yuan, je fais remarquer sans la moindre intention d’achat que ca n’en vaut pas plus de 50. Instantanément, elle ajuste son prix, un peu au dessus de 50. Quand je pars, toujours pas intéressé, elle m’en propose 40…

On est aussi allé au temple des lamas. C’est un temple bouddhiste dans Beijing, ce qui est assez original car la situation avec le Tibet est plutôt, disons, tendue. On y voit des gens venus prier, dans une odeur d’encens omniprésente, et des gens prendre en photo des gens en train de prier. Au milieu de ces nombreuses statues et temples parfaitement alignées encore une fois, se trouve une statue de bouddha de 18m.

Un truc chouette dans la ville, c’est aussi ses nombreux parcs. Le parc Beihai, un des plus connus, est étonnamment un endroit est plutôt vide quand on s’y trouve, ce qui en fait un agréable coupure avec le côté grouillant et bruyant du reste de la ville. On trouve par hasard un temple, où à 18h, nous sommes les seuls à visiter, en croyant accéder à un point de vue sympa. La vue était nulle, et le temple le 37ème à notre palmarès, mais se retrouver seul dans Beijing pendant plusieurs minutes consécutives est absolument incroyable et mérite d’être souligné.

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Comme Paris ou Bruxelles, derrière des vestiges d’une époque révolu se cache une vie moderne trépidante. Autour de la vieille ville, la nouvelle ville grouille. Les bâtiments d’architecture moderne ne manquent pas :

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le nid d’oiseau et le cube d’eau, vestiges des Jeux Olympiques de 2008, vieillissent péniblement, alors que tous les soirs, beaucoup de gens viennent les voir.

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le récent opéra, une espèce de bulle étrange, contraste avec la cité interdite, quelques dizaines de mètres plus loin.

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la tour de télévision, oeuvre de Koolhaas, est un drôle de pied de nez à la gravité

La zone artistique 798 est incroyablement grande, et après y avoir passé une après midi on en a vu qu’une minuscule partie. C’est pourtant là où exposent les nombreux artistes contemporains, dans des galeries toujours plus nombreuses à l’intérieur d’usines désaffectées réaménagées. Ce pays est celui de la démesure.

C’est difficile de comprendre ce qui fait le charme de la Chine. Le a une histoire riche, mais les villes ne sont pas toujours jolies, ni propres.  Le chaos dans les rues, les petites échoppes, la nourriture qu’on trouve partout dans les rues, les pagodes et les saules pleureurs au dessus du lac … tout ça crée une atmosphère particulière. Voici quelques anecdotes (bonnes ou pas), pour vous aider à imaginer ce que ça peut être de se balader ici.

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Un des constats qui frappe, c’est l’incroyable pollution de Beijing. Ulan Bator était très polluée, mais de l’intérieur de la ville on n’en voyait rien. Ici, il semble qu’un épais nuage gris recouvre la ville et rende impossible de voir le ciel bleu. Les premiers jours, ça nous donne mal à la gorge :/ Les jours comme ça, vers 16h, la lumière ressemble à celle d’un coucher du soleil alors que le soleil reste encore dans le ciel pendant plus de 2H. Un matin, il fait mauvais temps. Le ciel gris plus le smog rendent impossible de voir les batiments à quelques dizaines de mètres !

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On ne voit la couleur naturelle du ciel qu’à de rares moments, par exemple après un orage qui balaie les fines particules en suspension dans l’air. Des chinois nous ont rapporté qu’avoir un ciel bleu est un luxe rare en Chine, et on a pu constater par la suite que les autres villes sont polluées de la même manière. ALlez, la même scène un lendemain de grosse pluie :

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Face à ce problème de pollution, le gouverment a mis en place un tirage au sort pour décider qui a le droit de posséder une voiture. Tous les mois, 10000 nouveaux Pékinois choisis au hasard ont donc le droit d’acheter une voiture.

Beijing est également célèbre pour ses « hutong » : c’est le nom donné aux vieux quartiers en plein centre de la ville, où les maisons font quelques mètres de haut seulement, et où les rues sont essentiellement piétonnes; le contraste avec les autres quartiers, pleins de building en verre, de tours d’habitation et de larges rues surchargées de voiture est saisissant. On passe longs moments à errer dans ces rues, sans autre but que d’observer des scènes de vie.

Dans ces quartiers, comme dans de nombreux autres partout ailleurs en chine, les magasins sont petits, quelques mètres carrés tout au plus. C’est aussi là qu’habitent les propriétaires, qui sont aussi les commerçants. Ce qui sert d’échoppe la journée est aussi souvent la pièce unique, et le soir, c’est là qu’on mange et parfois qu’on dort. On voit les enfants regarder la télé, jouer sur le sol ou sur à l’ordinateur à côté de leurs parents qui négocient une vente et de leurs frères qui mangent un bol de nouille là où il y a de la place.

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Et puis il y a les parcs. Plein de gens y viennent pour y faire tout un tas de choses.

Il s’agit souvent de retraités qui se retrouvent en groupe. On trouve plein d’ambiances différentes. D’abord, des gens qui chantent, et d’autres qui dansent. Certaines s’étirent en faisant du tai chï, gymnastique lente, sans rien ou avec des épées factices. D’autres encore font des étirements sur les divers agrès qui n’ont rien de jeux pour enfant. Les gens prennent ça vraiment très au sérieux et font leurs répétitions consciencieusement pendant un long moment.

D’autres jouent ensemble, aux échecs chinois ou au poker chinois. Certains ont également des tables pour jouer au mahjong, version chinoise des dominos. Oui, ici, tout est à la sauce chinoise.

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Les parties de cartes sont animées, chacune jette violemment ses cartes sur la table. Les jeux d’échecs, eux, sont le lieu d’intenses réflexions, mais le calme n’est qu’apparent. Dans le combat majestueux qui prend place sur l’échiquier, dès qu’on trouve un bon coup, on prend la pièce en bois concernée et l’abat sur la nouvelle case bruyamment, pour montrer qu’on est pas là pour plaisanter. A nos yeux profanes, ces scènes sont incompréhensibles : aucunes des règles ne ressemble suffisamment à quelque chose de connu pour qu’on puisse comprendre qui a l’avantage. De plus, le pions d’échecs chinois ont des caractères chinois pour décrire leur rôle, ce qui rajoute encore un peu à la complexité.

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Plus surprenant, on trouve une sorte de marché du mariage. On était pas sûrs de comprendre et on s’est fait expliquer après coup. Au sol, des rangées fiches d’identité. Debout, plein de gens qui discutent, tous autour de la cinquantaine et plus. Sur les fiches on trouve nom, prénom, taille, poids, ville d’origine, métier, revenus (!), possession ou non d’une voiture et/ou d’un appartement. Il est rare de trouver une photo !

Ce sont les parents qui rencontrent d’autres parents pour « échanger » des contacts pour lancer des idées de couples qui pourraient bien marcher. Ici, il est d’usage de se marier entre 20 et 30 ans. Quand on ne le fait pas soit même avant l’échéance, c’est les parents qui ont le dernier mot voire qui prennent les choses en main : « les parents veulent forcément le bien des enfants, alors s’ils veulent arranger un mariage, c’est pour bien faire et pour que les enfants soient heureux. Et de toute façons, on ne peut pas aller contre leur avis », nous a dit une de nos hôtes.

Tant que j’y pense, quand il fait beau, les filles ont des ombrelles pour se protéger du soleil. Ici, c’est la peau blanche qui est signe de beauté !

La plupart des gens ont une semaine de congés payés. Une de nos hôtes est fière d’avoir 3 semaines car elle travaille dans une boite internationale. Pour eux, impossible de voyager longtemps car il est très mal vu d’avoir un trou dans sa carrière professionnelle. Les gens travaillent beaucoup et finissent tard. Un soir, notre hôte n’est pas rentré à 23h, et ce n’était pas à cause d’un pot qui s’est prolongé…

Prochainement, Chengdu et ses pandas !